La situation des enfants travailleurs est préoccupante en Mauritanie. Environ un enfant sur six est contraint de travailler en Mauritanie. Les jeunes garçons sont souvent envoyés dans les milieux de l’agriculture et de l’élevage ou de la mécanique. Quant aux jeunes filles, elles sont plutôt employées comme domestiques, dans des conditions de vie plus que précaires.
Il arrive que les familles pauvres confient leurs enfants dès leur plus jeune âge à des marabouts. Ces enfants, appelés « almoudos » connaissent alors des conditions de vie déplorables. Ils vivent dans des lieux obscurs et totalement insalubres et sont souvent victimes d’abus et de mauvais traitements. Le marabout est chargé de leur éducation religieuse. En réalité, les enfants répètent continuellement les lignes du Coran sans forcément les comprendre ; s’ils se trompent, ils sont battus. Ces enfants almoudos sont contraints de passer leur journée à mendier, sous une chaleur accablante, pour pouvoir se nourrir et contribuer aux frais de leur prise en charge par le marabout.
‘’Le travail des enfants est un vrai problème en Mauritanie qui touche particulièrement les enfants qui font face à une grande pauvreté et les enfants en dehors du système scolaire. Plus d’un tiers des enfants travailleurs sont des filles’’, a affirmé Mme Lalla Fall, cheffe de programmes à l’ONG Maurisanté.
En Mauritanie, le travail des enfants touche près de 24 516 enfants âgés de 5 à 17 ans soit 37,6 % selon l’Enquête par grappes à indicateurs multiples, MICS Mauritanie de 2015, dont 26,3% travaillent dans des conditions dangereuses. La prévalence du travail des enfants est plus élevée en milieu rural (45%) qu’en milieu urbain (27%).
Qualifiant la situation d’alarmante en Mauritanie, Mme Fall a estimé que 37,6% des enfants âgés de 5 à 17 ans en Mauritanie travaillent comme bergers, paysans, aides garagistes, domestiques, charretiers. ‘’Cette situation alarmante a conduit les autorités à ratifier les principales conventions de l’OIT contre le travail des enfants tout en mettant en œuvre un arsenal juridique et institutionnel conséquent’’. Contexte sanitaire (Covid-19) oblige, Mme Fall a appelé à la protection des enfants contre le travail, maintenant plus que jamais. Selon elle, la pandémie de COVID-19 et ses chocs socio-économiques ont eu des conséquences énormes sur la vie et les moyens de subsistance des populations. Malheureusement, les enfants sont souvent les premiers à en souffrir.
Mme Lalla Fall, a évoqué ‘’toutes les formes d’esclavage ou pratiques similaires à l’esclavage, telles que la vente et la traite d’enfants, la servitude pour dettes, le servage et le travail forcé ou obligatoire, y compris le recrutement forcé ou obligatoire d’enfants pour les utiliser dans les conflits armés; l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel pornographique ou de spectacles pornographiques’’. L’Afrique figure au premier rang des régions à la fois en termes de prévalence (soit 1/5) et de nombre absolu (72 millions) d’enfants astreints au travail des enfants.
Un souffle d’espoir
De réels efforts ont été récemment fournis par la Mauritanie en matière de discrimination. Malheureusement, ces progrès visibles dans la législation, ne le sont pas dans la pratique.
« Cette situation a conduit les autorités à ratifier les principales conventions de l’OIT (l’Organisation Internationale du Travail) contre le travail des enfants tout en mettant en œuvre un arsenal juridique et institutionnel conséquent », reconnaît Lalla Fall.
Le Gouvernement mauritanien s’est engagé, depuis 2001, à lutter contre le travail des enfants à travers notamment la ratification des deux conventions spécifiques de l’Organisation internationale du Travail, relatives au travail des enfants à savoir les conventions 138 et 182, respectivement sur l’âge minimum d’admission à l’emploi et sur les pires formes de travail des enfants. Le gouvernement mauritanien publie une liste de 46 métiers jugés dangereux, donc interdits aux enfants. Une avancée qui va dans le sens de l’Organisation internationale du travail et des ONG.
Ainsi, le Ministère de la fonction publique et du travail avec l’appui du Bureau International du Travail (BIT) a élaboré le Plan d’Action National pour l’élimination du travail des enfants en République Islamique de Mauritanie, (PANETE-RIM). Dans le cadre de sa mise en œuvre, les partenaires sociaux, avec l’appui d’un consultant, ont élaboré la liste des travaux dangereux interdits aux enfants.
L’OIT a donc appuyé au travers de son projet MAP’16 ses partenaires tripartites en Mauritanie afin de développer le processus favorable et conduisant à la promulgation de cet arrêté ministériel.
L’accompagnement s’est articulé autour de 6 étapes clé :
Éliminer progressivement toute forme de travail des enfants
L’OIT souhaite éliminer progressivement toute forme de travail des enfants, en faisant sa priorité des travaux dangereux pour les petits. Les stratégies pour y arriver mettent l’accent sur la réduction de la pauvreté, car les parents auxquels on offre un véritable choix préfèrent que leurs enfants ne travaillent pas pour subvenir à leurs besoins et vivent pleinement leur enfance.
L’OIT fait donc la promotion des opportunités de travail décent pour les parents et tente d’améliorer les installations scolaires pour favoriser l’accès à l’éducation.
De plus, l’OIT se bat pour faire respecter les lois déjà en place qui ont pour but de protéger les enfants contre le travail et l’exploitation mais qui sont parfois ignorées ou non appliquées.
Chaque enfant a droit à l’éducation, au jeu et à une réelle protection contre l’exploitation et le travail.
La place d’un enfant est à l’école, pas dans la rue où ils sont exposés à plusieurs formes de violences.
L’Organisation internationale du Travail (OIT) est à l’origine de la Journée mondiale contre le travail des enfants, initiative lancée en 2002 pour mettre en lumière les nombreux abus subis par les enfants au travail. L’objectif de cette journée, qui a lieu le 12 juin de chaque année, est d’aider à créer et à maintenir le mouvement mondial contre le travail des enfants.